Séries TV : Survivors (2008) et le Survivalisme


Survivors (2008)

Survivors (2008), BBC

One virus. Millions dead. All that’s left is hope.

Qu’ont en commun Jeremiah, The Tribe, Jericho, et Survivors ?

Ils appartiennent à ce nouveau courant de survivalisme dont je parle dans l’article sur Man Vs. Wild. Mais je vais rentrer davantage dans les détails concernant les séries télé qui surfent sur ce courant, même si je ne citerai pas Dark Angel, plus post-apocalyptique que réellement survivaliste, et Lost, parce qu’une île déserte c’est pas pareil.

Généralement, une apocalypse a eu lieu : Une catastrophe quasi apocalyptique a décimé la population. On suit un groupe de survivants qui essaient de survivre tant bien que mal dans le chaos ambiant.

Les archétypes qu’on y retrouve sont souvent les mêmes que dans les apocalypses de zombies, bien que les critiques de ces derniers soient autant dirigées sur la société actuelle que sur l’humanité en générale.

Cet aspect est d’autant plus mis en avant dans Jeremiah et The Tribe, où les seuls survivants sont des enfants de moins de 16 ans (Jeremiah a lieu 15 ans après l’épidémie, et les protagonistes ont donc trente ans ou moins). Dans Survivors, on croise justement un groupe d’adolescents solitaires.

En plus des enfants livrés à eux-mêmes, on trouve aussi des gourous et leurs religions nouvelles, des conspirateurs, des militaires qui agissent à la Big Brother, des survivalistes solitaires, des femmes qui donnent la vie dans une situation mondiale atroce, la vie qui reprend…

D’un point de vue philosophique, on peut rapprocher les idées que ces séries développent de différents concepts (google est votre ami) :

–          L’acratie : L’absence de pouvoir. Pas d’Etat, pas d’organisation considérée comme supérieure à toutes les autres.

–          C’est à mettre en relation avec l’autogestion, le collectivisme et les principes de libertaire ou de fédération.

–          La libre-pensée : Donc l’absence d’une morale imposée par une organisation (Etat, Eglise), généralement mise en relation avec le droit naturel et la liberté individuelle, qui considère que « la liberté d’un individu s’arrête là où commence celle des autres », ce qui a toujours été une notion assez vague, selon moi. Un adage que je trouve préférable est « Vivre et laisser vivre ».

Ces séries donnent une base de réflexion intéressante, bien qu’ils aient souvent l’air de rejeter en bloc les philosophies cités ci-dessus, puisque nous suivons les aventures d’un groupe à la morale proche de la nôtre, encore très judeo-chrétienne sur ce qui est « bien » ou « mal ». Évidemment ils rencontrent à un moment ou à un autre des personnes abusant du chaos ambiant pour leurs satisfactions égoïstes, vivant dans le luxe de ce qu’ils ont pillé.

Les questions que l’on se pose sont, entre autres :

–           « S’il n’y a plus d’autorité pour nous punir, est-ce qu’on deviendrait nous aussi des pillards, égoïstes, paranoïaques, insensibles ? »

–          « Nous sommes-nous trop éloignés de la nature, nous appuyons-nous trop sur une technologie que nous ne saurions pas reproduire ? »

–          « Selon notre éducation et expérience, nous apprenons que la nature humaine est bonne, ou qu’elle est mauvaise. Et si la vérité était davantage dans le gris ? »

En d’autres termes, le téléspectateur se pose la question : « Que ferais-je dans cette situation ? » ou « Qui deviendrais-je ».

Revenons-en à Survivors, une série télé diffusée par la BBC depuis 2008, remake du show éponyme des années 1970, lui-même tiré d’un roman de Terry Nation (qui a été aussi scénariste pour l’ancien et le nouveau Doctor Who). Elle compte pour le moment deux saisons (la seconde est actuellement en diffusion outre-manche).

(Et oui, vous n’avez pas rêvé, il y a Freema Agyeman sur la photo, la plus jolie compagnonne de Doctor Who 2005, et Joseph Paterson que je trouve loin d’être dégueulasse, qu’on a vu dans les excellents Jekyll et Neverwhere)

Synopsis : La grippe européenne (aucun rapport, fils unique) a décimé plus de 90% de la population mondiale. Tous ont vu leurs collègues, amis, et famille mourir, la plus grande vague de morts ayant eu lieu en une nuit, une seule, le jour d’après est un calme avant la tempête. Puis, les différents survivants se regroupent, peut-être parce que l’homme est un animal social, ou parce qu’il est difficile de survivre seul. Certains groupes se forment autour d’une idéologie commune (pillage, appropriation d’un territoire, religion…), d’autres, autour d’un leader.

Nous suivons la survie du groupe formé autour d’Abby Grant, une mère à la recherche de son enfant, qui devient leader de facto de cinq personnes n’ayant rien en commun. Sa conviction en la possibilité de rester humains dans une situation aussi chaotique lui fait gagner la fidélité de chacun.

Sur le site internet qui avait été mis en place, Survivors Interactive, qui semble ne plus exister, le slogan « Do you think you would speak up to unite survivors you just met ? » résume en lui-même l’intrigue principale. Le groupe dirigé informellement par Abby est à l’origine constitué d’un criminel au sang froid, d’un enfant courageux, d’un fils de riche dragueur,  d’un survivant individualiste, et d’une docteur déboussolée. Autant dire que les choses ne seront pas si faciles.

Certains ont critiqué la série pour son manque d’originalité (The Guardian par exemple), mais il me semble que c’est toujours le même problème avec le genre post-apocalyptique, survivaliste, ou zombie : Il y a des codes. Ils ne sont pas là pour rendre la chose moins intéressante, au contraire c’est un défi d’imagination pour respecter ces codes tout en réalisant quelque chose d’original. Regardez Shaun of the Dead comme un exemple de réussite.

Effectivement, tout comme les autres séries citées plus haut, Survivors n’est pas tellement originale. Mais on y trouve toujours de bonnes idées qui méritent d’être étudiées.

Comme vous l’avez compris, j’adore ce genre et chaque nouvelle interprétation mérite d’être regardée. J’espère qu’après avoir lu cet article, je vous aurais donné envie de faire pareil.

Sur ce, je vous laisse, je crois que j’ai chopé la grippe H1N1 et je crois que les gouvernements appellent au calme à la télévision.

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Kameyoko
Kameyoko
22 janvier 2010 11:34

Je suis aussi un adepte du survival. C’est peut être pour ça que j’aime tant les zombies. J’aime voir les gens évoluer dans un monde dans lequel les codes sont sociaux sont détruits et les repères bouleversés. Personnellement je suis persuadé que c’est l' »ducation mais surtout la pression sociale et l’autorité qui font qu’on agit « relativement correctement ». Une fois ces contraintes détruites, je pense qu’on sombrera tous un peu dans l’immoral. La survie passerait avant tout. Mais c’est que mon avis, même si l’histoire me donne plus ou moins raison. j’espère n’avoir jamais à vérifier cela. Mais avec tout ce… Lire la suite »

Avalonne
Avalonne
22 janvier 2010 17:23

Il me semble qu’au final chaque survivor a besoin de suivre un code et va donc évoluer en fonction du groupe dont le code lui convient le mieux dans un nouvel environnement. Je dirais même que l’association à un groupe n’est pas déterminé que pour la survie mais aussi par le besoin de suivre un certain nombre de repères…

Manuuu
Manuuu
22 janvier 2010 17:52

Faut peut-être préciser que Survivors est actuellement diffusée sur NRJ12. Ceci dit, c’est bientôt fini il me semble.

Benny
Benny
22 janvier 2010 22:37

Moi aussi je suis plutôt fan du genre Survivor. Tu n’as pas cité Le Fléau de Stephen King, dans le genre Grippe qui décime 99,9% de la population. On retrouve effectivement beaucoup des éléments que tu soulignes. Une adaptation en mini-série avait été faire avec de bons acteurs (de mémoire Rob Low, Gary Sinise, le mec de Parker Lewis). A l’époque javais adoré, mais pour l’avoir revu récemment, ça a plutôt mal vieilli. Par contre, j’ai regardé Jericho justement parce que c’était du Survivor, et franchement c’est pas génial, les acteurs sont mauvais sauf Skeet Ulrich, qui est bien seul… Lire la suite »