The Knick : Urgences en 1900

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The Knick c’est l’abréviation de Knickerbockers qui n’a rien à voir avec le groupe de rock des 50’s-60’s. Comme la série se passe à New York en 1900 une brève piqure historique s’impose.

Le surnom de Knick vient des immigrés hollandais dans les années 1600 et de leurs pantalons qui s’enroulaient autour de leurs jambes jusqu’aux genoux (genou se traduisant en anglais par « knee »). Un peu plus tard au 19ème siècle c’est grâce à l’auteur Washington Irving que le mot « knickerbocker » devient populaire et définit tout simplement un New Yorkais qui peut remonter son arbre généalogique jusqu’à trouver des ascendants Hollandais. The Knick c’est donc une communauté, mais aussi la définition de tout ce qui touche à la ville de New York surtout depuis 1845 avec la création de la première équipe de baseball professionnelle The New York Knickerbockers et puis plus tard avec l’équipe de basketball les Knicks.

  • De quoi ça parle ?

De médecine. Ou plus précisément des balbutiements de la médecine moderne. On suit le Dr John Thackery (Clive Owen avec une glorieuse petite moustache) ainsi que ses assistants, les infirmières, les ambulanciers et même la bonne soeur du coin dans leurs combats quotidiens. C’est un peu Urgences au début du 20ème siècle sauf que l’ambiance est froide et glauque car la ville est insalubre et que rien n’est glamourisé (pour l’instant pas de romance en vue ni d’états d’âme dramatiques). Rien n’est beau, rien n’est aseptisé. D’entrée de jeu on a droit à une césarienne sanglante qui n’épargne aucun détails gore tandis que les chirurgiens expliquent à leurs étudiants et estimés confrères les étapes de la procédure.

Réalisée par Steven Soderbergh (qui dit avoir arrêté le cinéma en 2013), The Knick est produite et diffusée sur Cinemax (Banshee, Strike Back) qui fait partie du groupe HBO. Spécialisée dans les séries pour adultes (avec sa section suave et sexy qui répond au nom d’After Dark), la chaîne semble vouloir attirer ses spectateurs un peu plus tôt dans la soirée et mise sur des productions de qualité mais pas forcément grand public.

  • Croisade sociale et quête de modernité.

The Knick utilise le prisme de la médecine pour aborder un peu tous les sujets de l’époque. Ainsi l’insalubrité de la ville est telle qu’il existe une police de la santé censée récupérer les malades pour les soigner (ou s’en débarrasser, c’est selon) et informer la Ville de tous les bâtiments insalubres afin qu’ils soient mis aux normes. Sauf que cela coûte de l’argent et que les entrepreneurs préfèrent graisser la patte d’officiers peu regardant et très avares plutôt que de permettre à la population de vivre décemment.

On nous parle d’électricité, des transports en commun qui commencent à voir le jour car à New York la révolution industrielle commence déjà à pointer le bout de son nez. Mais qu’en est-il de la société ?

La galerie de personnages est assez étendue mais pour aujourd’hui je ne vais m’intéresser qu’à trois d’entre eux. Tout d’abord il y a Cornelia Robertson (Juliet Rylance) qui est la fille d’un riche homme d’affaire qui a fait fortune dans le transport maritime. Femme au grand coeur et à l’esprit ouvert, elle tient à rendre l’hôpital Knickerbocker plus moderne (en lui fournissant notamment l’électricité, chose rare à l’époque) mais aussi à faire bouger les mentalités en embauchant un excellent chirurgien noir. Bien qu’il soit parfait sur le papier, le Dr Algernon Edwards (André Holland) a pour handicap sa couleur de peau car si en Europe il était considéré comme un égal, un partenaire, aux États-Unis en 1900 ce n’est pas la même chanson. Mais celui-ci sait reconnaître une bonne opportunité et s’il est d’abord vexé et tenté de partir de là où il n’est pas désiré, il décide finalement de tenir bon car sa soif d’apprendre est plus grande que son égo.

Edwards & Thackery

Le Dr John Thackery (Clive Owen) s’oppose au choix des Robertson dès le début, tout simplement parce qu’il a en tête un de ses collègues très prometteur, Everett Gallinger (Eric Johnson) pour le poste d’assistant et qu’il accepte mal l’autorité de la riche famille. Découvrir par la suite que le poulain de son chef est noir est l’excuse parfaite pour refuser car comme il le dit lui même, il refuse de s’engager dans une croisade sociale. Le personnage de Clive Owen est assez mystérieux. Il ne parle pas beaucoup et tout ce que l’on sait de lui c’est qu’il est accro aux injections de cocaïne. Il est aussi un chirurgien brillant, obstiné et paradoxalement rétrograde sur les questions sociales. Nul doute qu’on en saura plus par la suite (pourquoi traîne-t-il tout le temps chez les putes chinoises ???)

Intégration, position des femmes dans la société mais aussi immigration (on est à New York tout de même) et travail des enfants, tout y passe dans ce premier épisode d’un peu moins d’une heure.

  • Un peu de médecine hardcore et un sens du décor.

Quand on regarde des séries comme Nip/Tuck qui y allait franco sur les gros plans dégueulasses, on se dit qu’on a tout vu et qu’on résiste à tout. EH BIEN NON ! Dans The Knick on ne nous épargne rien mais le pire n’est pas ce que l’on voit, mais ce que l’on entend. Les médecins et chirurgiens, qui doivent garder la tête froide en permanence, traitent chacun des patients comme un nouveau cas à étudier. Ils analysent, diagnostiquent et expérimentent dans l’espoir de soigner et de faire des avancées dans le domaine. On met de côté toute empathie et toute humanité pour le bien de la médecine. Il n’y a aucune place aux sentiments au regard du patient qui stress un peu et se voit considérer comme un bout de viande intriguant.

The Knick

Dans ce premier épisode on a droit à deux opérations capitales dont la mise en scène est parfaitement maîtrisée. Moi qui ne suis pas du tout une fan de séries médicales, j’étais scotchée sur mon fauteuil à croiser les doigts (et à retenir ma nausée). Le rythme, la musique et les acteurs, tout se combine parfaitement pour créer une tension qui va crescendo et qui accroche !

 

Soderbergh nous offre une série historique très soignée et réaliste. C’est sale, sombre et sobre aussi bien visuellement que sur le fond. La musique un tantinet électro (ça perturbe au début je ne vous le cache pas) possède un rythme lancinant (parfois oppressant) qui rappelle les errances de Travis Bickle dans Taxi Driver. Bref! Pour tout ça et bien plus encore, même si la série n’est pas ouf, elle me parle (d’autant que j’adore le 19ème et début 20ème siècle) et je pense regarder l’intégralité de la première saison. Un conseil cependant, si vous vous lancez dans l’aventure : ne mangez rien avant, pendant et après l’épisode. Vous êtes prévenu 😉

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Etienne
Etienne
14 août 2014 13:19

j’ai hâte de pouvoir commencer cette nouvelle série 🙂

Hélène
Hélène
14 août 2014 14:54

Je crois que c’est encore tôt pour ce type de série, du genre gangs of Newyork
Je vais garder ça pour la saison hivernal et encore s’il y a beaucoup de scène d’horreur, j’aime pas trop

jayer
Administrateur
jayer
14 août 2014 19:22

j’avoue j »ai fait une overdose de séries médicales… depuis House j’ai tout lâché…

maximilien
maximilien
16 août 2014 10:56

J’ai lu de bonne critique sur la série, et tous disent que c’est à découvrir, Sinistre, froide pas au mood de tous