Drama Sport – Round One – Saga Rocky Balboa
Octobre 2015, Reims, le long du canal de la Marne…
Avouons le, il fait déjà très froid à cette période de l’année dans toute la Champagne Ardennes (voire sur le Quart Nord Est de la France). J’ai accompagné ma première phase de régime avec des séances de marche le long du canal de plus de trois heures à certaines reprises. La marche, tout comme la natation, le vélo et la course à pied permet de brûler d’importante quantités de graisses. Hélas pour mon gabarit la course est pour l’instant exclu (trop de traumatisme au niveau articulaire). Les piscines remoises ont des horaires limités et je ne suis pas fan de vélo. Il ne reste que la marche. L’effet est très efficace quand il est accompagné d’une alimentation plus équilibrée.
Je me remémore encore les propos de ma diététicienne lors de mon entretien de « reprise » avec elle (suite à un échec de mon régime, j’avais décidé un an plus tôt de quasiment tout stoper avec elle) :
« Monsieur S. Vous êtes un homme intelligent, vous connaissez déjà beaucoup de choses au niveau nutritionnel, en quoi puis-je vous aider ? me dit elle sur un ton assez froid
En guise de réponse, la diet s’est contenté de gromeller quelques mots, m’a inscrits quelques consignes sur une feuille A4 accompagné d’un « voilà ! »
Commencer un challenge aussi dur par une marche rapide (pratique bien chiante, ne nous le cachons pas…), il m’aura fallu la trouver cette motivation pour ne pas tout plaquer bêtement, pour « tenir la distance ».
J’ai trouvé cette motivation dans la saga des films Rocky, notamment en écoutant la bande-sons en boucle durant ces longs moments…
Rocky 1, synopsis…
« Jeune looser, Rocky Balboa, dit « l’Etalon Italien », vit seul dans un appartement miteux. Il travaille comme homme de main pour un prêteur sur gage et enchaine les matchs de boxe contre des « cloches », comme Mickey, son entraineur (interprété par l’excellent Burgess Meredith), se plait à le décrire.
Alors qu’il tente de sortir avec Adrian, la soeur de Paulie, son seul et unique ami (si l’on excepte ses tortues), il se voit proposer une chance unique de sortir de l’ombre, affronter Appollo Creed, le champion du monde des poids lourds… »
(Rocky & Adrian, Rocky II, 1979)
C’est connu, tout dans Rocky rappelle le rêve américain.
Stallone adapte lui même sa propre histoire qu’il écrit sur le rebord de la fenêtre de sa minuscule chambre. Encore inconnu du grand public, il s’impose aux producteurs comme réalisateur mais surtout comme acteur.
Ce premier opus (la saga en compte sept) sorti en 1976 est tourné avec un très petit budget, un million de dollar, vingt huit jours de tournage.
La réalisation de la scène finale, le match entre Appollo Creed et Rocky, parle d’elle-même. En rade de figurants, à cours de temps, l’équipe de tournage va aller jusqu’à assombrir et placer de façon stratégique les personnes présentes pour donner l’impression d’un public nombreux et déchaîné. Le résultat n’en est pas moins fabuleux.
(Rocky & Creed, Rocky I, 1976)
Ce film petit budget, est une réussite et propulse Stallone sous les projecteurs d’Hollywood.
Tout dans le film nous rappelle à quel point la vie est dure et parsemé d’obstacles. Rocky fait face aux critiques de ses proches, galère pour sortir avec Adrian. Il s’entraine avec peu de moyen, fait face aux doutes. Son objectif n’est pas de battre Creed, il veut juste tenir les quinze rounds de la rencontre. Le champion du monde, arrogant et à l’égo surdimensionné est connu pour envoyer ses adversaire en quelques minutes.
La musique même de ce match, « going the distance », bien plus représentative que « Eyes of the Tiger » (voir Rocky III) ou « Gonna Fly », est l’expression même de ce besoin de « tenir la distance » (traduction littérale par ailleurs).
Ainsi Rocky va au fur et à mesure des sept films « tenir cette distance », affronter les épreuves de la vie. Et elles sont nombreuses : le mariage, le premier enfant, le chomage, le succès démesuré, la perte des êtres chers, la défaite, la remise en question permanente, etc…
(Rocky, Mickey et son célèbre entrainement au poulet, Rocky II, 1979)
Chaque film est, à sa façon, un rebattage des cartes, mais également une leçon de vie, une invitation au dépassement de soit.
Rocky connait une forme de descente aux enfers dans Rocky III face à Clubber Lang (joué avec brio par un brutal Mister T). Il perd successivement Mickey, son titre et sa fierté. Il doit tout reconstruire avec Appollo, devenu son ami dans l’adversité. (c’est beau le sport ! )
(Rocky & Apollo, Rocky III, 1982)
On peut critiquer l’aspect très politique de Rocky IV avec son décor très ancré « guerre froide », mais en y affrontant une machine de guerre soviétique (Ivan Drago joué par Dolph Lundgreen, qui tue Creed sur le ring) Balboa doit faire face à sa peur de mourir sur le ring.
(Drago vs Creed, Rocky IV, 1985)
On peut aussi se demander pourquoi Rocky part affronter un adversaire russe visiblement dopé et surentrainer, près à tuer son adversaire pour obtenir la victoire. Stallone explique un jour dans un documentaire que Drago représentait la peur de l’URSS qu’on présentait comme un ennemi froid et sans aucun sentiment, sans aucune émotion qu’on voulait à l’époque.
(Rocky vs Drago)
Je reste encore une fois perplexe sur ce film. Cependant sans cet opus, et donc la mort d’Apollo, nous n’aurions jamais eu le chef d’oeuvre qu’est Creed (7ème film de la saga). A noter, que Rocky présente « le temps » comme seul coupable du décès de son ami à son fils : « Time takes everybody out, time’s undefeated. »
En effet, Apollo était dans son temps décrit comme le meilleur boxeur de tous les temps, il avait arrêté de boxer depuis déjà plus de cinq ans lorsqu’il affronte Drago.
La descente aux enfers, Rocky va à nouveau la connaître dans le cinquième film, mais financièrement cette fois-ci.
Dans Rocky VI (titre original : « Rocky Balboa » tout simplement), alors que le « rêve américain » nous amène à découvrir un homme approchant la soixantaine, posé dans sa maison et propriétaire de son restaurant, le vieil homme, perdu dans sa solitude (Adrian est morte depuis lors et les relations avec son fils sont tendus) décide de sortir de sa retraite pour un dernier combat face au champion du monde en titre moitié moins âgée que lui, Mason ‘The Line’ Dixon.
(Rocky vs Mason, Rocky Balboa, 2006)
Si le scénario peut paraitre totalement dément, il est si bien ficelé qu’il passe comme une lettre à la poste. Sous la forme de son célèbre monologue, Stallone exprime alors, non seulement à son fils mais également aux spectateurs du monde entier son fameux : « La vie te frappera toujours plus durement. L’important n’est pas de toujours se relever, parce qu’elle finira toujours par avoir le dernier mot. L’important c’est le nombre de fois que tu puisses te relever. »
Là à nouveau, une belle définition de « Going the distance ».
La saga se renouvelle avec « Creed » (2015) dans laquelle, on découvre à Apollo un passé adultérin par l’existence d’Adonnis Johnson. Adonnis, enfant illégitime de Creed, n’a pas eu la chance de connaitre son père. En proie à une colère énorme, qu’il tente d’exterioriser par des matchs de boxe clandestins à la frontière mexicaine, il décide de se rendre à Philadelphie auprès de Rocky.
Ravagé par les années, la solitude (Paulie est également parti à son tour), et la maladie, le vieil homme n’est plus que l’ombre de lui même.
Tout comme Rocky quarante ans plus tôt, Creed va se voir offrir une chance d’affronter le champion du monde en titre, Ricky Conlan, et prouver à son tour que bien qu’illégitime, il reste le fils de son père…
(Rocky & Adonis Creed, Creed, 2015)
Et cette question qui nous laisse en suspens à la fin du film, « lequel du jeune ou de l’ancien aura le plus appris de l’autre ? »
Si les Rocky III, IV et V peuvent laisser à désirer sur de nombreux points (le V qui finit en bagarre de rue par exemple me laissera toujours perplexe), il n’en reste pas moins que la saga en elle même reste un incontournable pour tout sportif et compétiteur qui cherche l’inspiration et la motivation pour le dépassement de soit.
N’allez pas croire qu’en allant voir un Rocky, vous aurez une heure trente de combat de boxe. Nous restons ici dans le registre de la comédie dramatique. Les deux premier tiers du film posent généralement un cadre solidement ancré qui se verra bouleversé par l’annonce d’un match futur. Les incontournables séances d’entrainement poussent la tension dramatique, l’élevent au plus haut point avant l’affrontement final. Les combats ne sont que le point d’orgue de chaque film, et ne durent généralement pas plus d’une dizaine de minutes. Ils sont tous rythmées par deux premiers rounds filmés entièrement pour poser durablement le décor avant un improbable mais incontournable retournement de situation (car c’est ça la magie de Rocky, il y a toujours un incontournable retournement de situation, mais on ne sait jamais précisément à quel moment, ni comment). S’enchaîne une mise en scène magnifique des rounds suivants, dans lesquels les coups des titans pleuvent.
Vient enfin le round de dénouement, qui qui débouche quasiment toujours sur une fin heureuse. Heureuse mais pas forcément une victoire, ou plutôt si, une victoire sur soit, celle d’avoir tenu l’intégralité de son match, celle d’avoir prouvé à la terre entière sa capacité à resister, à tenir la distance.
Parce que c’est ça la beauté d’un film de Rocky, gagner ou perdre, mais toujours finir avec fierté en « ayant tenu la distance » et cela de façon à ancrer plus que jamais notre capacité à surmonter les dures épreuves de la vie et à en sortir grandi.